La mobilité électrique est accessible à tous. Sans permis de conduire. Il suffit de rouler avec une trottinette ou un vélo électrique, achetés ou loués. Mais qu’en est-il de rouler sur quatre roues ? La question est plus compliquée. Aujourd’hui, c’est devenu possible avec une offre grandissante de voitures électriques sans permis. Des constructeurs originels de ces voitures, comme Ligier ou Aixam ont travaillé sur le développement de produits 100 % électriques. D’autres constructeurs, plus habitués à produire des véhicules plus « classiques », comme Renault et Citroën, se sont aussi lancés sur le segment des micro-cars.
Hausse des ventes de « voiturettes »
Cela fait des années que ce type de véhicule existe. Ils sont connus pour être utilisés par des automobilistes ayant perdu leur permis, des seniors ne voulant plus conduire leur voiture, ou tout simplement des personnes n’ayant pas de permis, comme des adolescents de plus de 14 ans. D’un format court avec, en moyenne, moins de 3 mètres de long pour 1,50 mètre de large et 2,50 mètres de haut, ces véhicules sont surtout légers (un peu moins de 425 kg) et d’une puissance inférieure ou égale à 8,2 ch, avec une cylindrée limitée à 500 cm3 pour les modèles diesel. Le tout bridé à 45 km/h.
Des micro-cars qui n’ont pas bonne presse auprès des autres usagers de la route. Des « pots de yaourt » bruyants et lents… Une niche automobile dans laquelle des constructeurs tentent de s’imposer. Des voiturettes qui ont vu leurs ventes bondir ces derniers mois. Sur les quatre premiers mois de l’année, 7088 voitures neuves sans permis se sont vendues en France, en augmentation de 31% sur un an(*).
Un aspect « sécuritaire »
Sur les côtes méditerranéennes ou atlantiques, ces véhicules ont fleuris sur les routes. Rien qu’entre 2016 et 2020 en Corse, les ventes ont presque doublées. Dans le Var et les Alpes-Maritimes, la hausse est de 45 % et de 30 % dans les Bouches-du-Rhône. En 2020, ce sont 15 500 micro-cars qui ont été immatriculées, contre 13 000 en 2016 (+16%)(*) Une des raisons de cet engouement réside dans l’aspect sécuritaire qu’elles peuvent inspirer à des parents qui ne veulent pas que leurs enfants roulent en scooter dans le trafic dense de certaines agglomérations. Un choix « sécuritaire » qui a un coût. Avec des tarifs qui peuvent avoisiner les 10 000€.
Ce qui est encore plus remarquable, c’est l’apparition sur le marché de versions 100% électrique. Des engins bénéficiant d’une prime à la conversion de 900€. Mais quelles sont ces voitures électriques qui se conduisent sans le précieux sésame routier ?
Que veut-on dire par « micro-cars » ?
On distingue deux sortes de véhicules. On parle de quadricycles « légers » ou « lourds ». Pour la première catégorie, la voiture ne doit pas excéder 425 kg, avoir une puissance inférieure ou égale à 6kW pour des dimensions de 3 mètres de long et 2,5 mètres de haut et offrant deux sièges (accessibles dès 14 ans avec un permis AM ou un BSR, avec option quadricycle léger). Pour la seconde catégorie, la différence se fait sur le poids (450 kg max) et une puissance inférieure ou égale à 15kW. Au niveau des dimensions, cela ne doit pas excéder 3,70 mètres de large et 2,5 mètres de haut. La vitesse, pour cette catégorie, ne peut dépasser les 90km/h mais peut accueillir plus de deux sièges. Un permis B1 est nécessaire.
Renault, premier constructeur généraliste à avoir lancé une micro-car
L’un des premiers de ces constructeurs est Renault qui, en 2011, a proposé la Twizy. Un véhicule arrivé comme un OVNI dans le milieu de l’automobile. Qui n’a pas été épargné par la critique : «À quoi pensaient les ingénieurs de la marque au losange en proposant ce quadricycle électrique ? » Cette Renault affiche un design particulier et assumé. Entre micro-car et scooter ? Il y a de cela dans l’idée. L’absence de vitrage sur les portes pourra en rebuter certains (option disponible). Pour autant, le véhicule possède un avantage non négligeable : son autonomie de 100 km, ainsi qu’une facilité de recharge et de stationnement. Il vous faudra débourser environ 10 000€ (possibilité de financement en location sur 37 mois, premier loyer de 900€ et loyers suivant de 190€).
L’Ami Citroën
Par la suite, d’autres constructeurs se sont lancés dans cette niche de véhicules. L’un des derniers qui a fait sensation, c’est Citroën avec l’Ami. Avec un design très atypique, la petite Citroën a bousculé les codes. Avec une batterie de 5,5 kWh, là micro-car affiche une autonomie de 75 km. Son rechargement est singulier. Il ne faut environ que 3h, sur une prise domestique, pour recharger la batterie.
Un parti-pris aussi sur la simplicité. À son bord, c’est moderne mais minimaliste et avec un atout de taille, son prix : 6900 €. Mais c’est surtout la proposition de vente et de financement qui sont novatrices. On la trouve dans les concessions Citroën, ça c’est normal, et aussi à la Fnac ou chez Darty… Une autre manière d’appréhender l’achat automobile. Un prix bas, et qui peut se financer en LLD sur 48 mois, avec un premier loyer de 3 500€ et un abonnement mensuel de 19,99€.
Ligier lance sa formule « e » en 2022
De son côté, Ligier, constructeur emblématique de micro-cars s’apprête à sortir sur le marché, une version 100 % électrique. La firme qui fabriquait déjà des véhicules à destination des professionnels, va se lancer dans une production pour le grand public. Si aucune date n’est avancée, cette nouveauté ne devrait pas être dans le même registre que les deux autres Françaises. La firme française est habituée à proposer des véhicules très bien dotés en équipement, et donc plus chers. Il est clair que la clientèle ciblée possède un spectre élargi. Outre les jeunes urbains et autres seniors à fort pouvoir d’achat, la marque vise tous ceux qui veulent se déplacer autrement, et sans permis de conduire.
Bien équipée, mais cela se paye
Du côté de chez Aixam, l’univers électrique est une niche qui est exploitée depuis quelque temps. Peut-être la plus semblable à une voiture classique. Pour le modèle Aixam e-City, par exemple, l’autonomie est de 75 km avec une batterie pleine. Ses atouts sont surtout en termes d’équipements pour une micro-car, un écran TFT de 3,5 pouces, un compteur numérique, un ordinateur de bord, un témoin sonore d’usure de plaquettes de frein. Il est même possible, d’avoir en option un écran tactile de 6,2 pouces, offrant une tablette autoradio, le Bluetooth, de l’USB et une caméra de recul. Mais là, on parle de tarifs de micro-car atteignant les 12 999€. Pour un financement en LLD, comptez sur un premier loyer de 2000€, puis un peu moins de 200€ par mois.
Dans l’univers des véhicules sans permis, les possibilités de mobilité électrique se développent avec des productions innovantes. Une mobilité alternative qui va certainement croître dans la tête de nombreux acteurs du secteur. Un avenir qui tend à conjuguer facilité de déplacement et électromobilité.
Pierre-Jean Côme
(*) AAA Data, association spécialisée dans le traitement des données d’immatriculation en France
(*)AAA Data, expert des données sur le parc automobile français.